a lutte contre la corruption peine à s'engager. Aussi bien à la justice qu'au niveau de la Commission anti-corruption, le combat semble s'enliser sur des questions de procédures et de démarches. Malgré les engagements et la détermination affichés, les résultats de l'action de la Commission anti-corruption se font toujours attendre, plus de cinq mois après son installation.
Plusieurs dossiers de malversations financières et de détournements, qui avaient défrayé la chronique, aux mains de la justice, attendent toujours un procès. Il s'agit, entre autres, de l'affaire Snpsf avec plus de 500 millions fc détournés, du dossier Dgi avec un préjudice subi qui se chiffrerait en une centaine de millions, détournement de plus de 36 millions à Comores télécom et malversations financières à l'Union des Sanduks de Ngazidja, pour un détournement présumé de près de 160 millions fc.
ENGAGEMENT ET DETERMINATION AFFICHES
Malgré les engagements du procureur de la république de Moroni, Youssouf Ali Djaé, pour la tenue des procès à partir de fin décembre 2011, les choses ne semblent pas vraiment bouger. Le premier procès sur l'affaire Snpsf, concernant l'informaticien, au mois de janvier dernier, n'a visiblement pas encore touché le c½ur du dossier. La justice a revu à la baisse le montant du préjudice de la Snpsf impliquant l'informaticien 179 millions fc au lieu de 236 millions. Mais les avocats de la
société avaient interjeté appel. En revanche, l'autre partie du dossier, impliquant les deux receveuses, attend toujours à être jugé. Le juge d'instruction aurait demandé, avant tout procès, une contre-expertise sur le montant annoncé du préjudice subi par la Snpsf. Ce que refusent, dit-on, les avocats de la
société qui ne veulent entendre parler de toute réévaluation du préjudice déjà annoncé. « La justice veut traîner les pieds et cherche toujours mille raisons pour se justifier », a regretté un des avocats de la banque postale.
LA COMMISSION A BESOIN D'AGIR AU PLUS VITE SINON, ELLE RISQUE DE DISPARATRE DANS LES OUBLIETTES
Mais le procureur de la république avait répliqué en expliquant que « les affaires financières de plusieurs centaines de millions sont des dossiers complexes. Elles demandent du temps avec des enquêtes approfondies et des expertises ». Donc pas encore de date pour le procès. Au niveau de la Commission nationale de prévention et de lutte contre la corruption (CNPLC), en dehors des communications faites ici et là sur des démonstrations mineures, rien de tangible n'a pu encore être produit. La CNPLC avait dit avoir recensé, à ce jour, plus de 30 cas de corruption, sans en préciser la nature. Mais l'allumage de son action tarde à se déclencher. Cette lenteur pousse une bonne partie de l'opinion à se poser la question de savoir si la Commission peut aller jusqu'au bout des dossiers. Parce que, estime l'ancien ministre Kamar Ezamane, « ce ne sont pas les dossiers de corruption qui manquent. Mais nombreux sont ceux qui doutent de l'approche engagée et de la détermination des membres d'aller jusqu'au bout. »
Toutefois les membres de la Commission expliquent la lenteur "supposée" par des questions de procédures. "Nous souhaitons d'abord voir comment faciliter le transfert des dossiers à la justice. Mettant ainsi en place une chaîne pénale et de contact avec les autorités concernées", avait soutenu le responsable de la communication du CNPLC, Moissuli Mohamed. Selon lui, sa Commission prévoit de faire des descentes dans des « services suspects ».
Composée de deux unités (sensibilisation et investigation), la Commission a dit privilégier d'abord les campagnes de sensibilisation. " Parce que la lutte contre la corruption est un combat de longue haleine et il faut commencer par la base",
LA JUSTICE TRAINE LES PIEDS ET VEUT TROUVER MILLE RAISONS POUR SE JUSTIFIER
avait soutenu Saïd Mohamed dit Mao, l'un des commissaires à la CNPLC. Mais d'autres, comme Houmed Msaidié, estiment cependant que « la Commission a besoin d'agir au plus vite. Sinon, elle risque de disparaitre dans les oubliettes comme d'autres avant elle.»
Beaucoup laissent croire que ces cas qui attirent davantage les projecteurs ne sont que la partie émergée d'une délinquance financière qui a été érigée en système de gestion des entreprises et des administrations publiques. " Il suffit de diligenter un audit indépendant dans la gestion des sociétés et établissements publics, pour vous rendre compte de l'ampleur des dégâts ", a fait observer un expert en audit comptable des sociétés. Alors, la CNPLC doit agir vite en conséquence. Parce que l'hémorragie continue : des contrats biaises, des factures fantaisistes, des passations de marchés irrégulières, des appels d'offres complaisants, des fausses déclarations, des réceptions fictives de matériels détournés.
MMADI MOINDJIESource (sans la photo):Albaladcomores