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René Sanchez, secrétaire général du syndicat national pénitencier Force Ouvrière a visité les trois prisons de l’île après un passage par Majicavo à Mayotte. (Photo L.M)

René Sanchez, secrétaire général du syndicat national pénitencier Force Ouvrière, était en séjour dans la zone. Après avoir visité la prison de Mayotte, il a fait le tour des trois établissements pénitenciers de la Réunion. Il a terminé son voyage, hier soir, à la maison d’arrêt de Saint-Pierre, il nous livre ses impressions à chaud.

Avant d’arriver à la Réunion, vous étiez à Mayotte. Quelles sont les conditions de détention à la prison de Majicavo ?

“La situation est problématique. Il y a une surpopulation pénale importante avec un taux d’occupation de 180% et une capacité de 90 places. De temps en temps pour désencombrer la maison d’arrêt, on fait des transferts au centre de détention du Port. Cependant, un agrandissement de 170 places est prévu. Là-bas, les prisonniers sont complètement oisifs dans la cour de promenade. Il n’y a pas de formation, pratiquement pas d’activités sportives... Ce sont des risques d’explosions et d’agressions. Et ce sont toujours ceux en première ligne qui en subissent les conséquences.

Que dire des trois établissements pénitenciers réunionnais ?

Le centre pénitencier de Saint-Denis a ouvert en 2008, il est neuf. C’est un peu le fleuron de la Réunion. Le taux d’occupation y est de 84% pour une capacité de 550 détenus. Mais ce n’est pas parce qu’on est dans des conditions de travail favorables qu’il faut baisser la garde quant aux agressions. À n’importe quel instant il peut survenir tout et n’importe quoi. Au Port, c’était une agréable surprise. C’est un centre de détention de responsabilité à ciel ouvert. Les détenus évoluent à leur guise en permanence. Ils s’occupent et sont formés. Enfin, la problématique reste la maison d’arrêt de Saint-Pierre. Trop vétuste. On y dort encore dans des dortoirs, ce n’est plus aux normes. Ici aussi, les détenus sont un peu oisifs, il y a peu d’activités. Il y a un projet de construction d’une nouvelle prison, pour l’heure, les autorités doivent faire le choix entre deux terrains à Saint-Louis, au Gol et à Bois de Nèfles Cocos.

Des sous-fonctionnaires à Mayotte

Y a-t-il une spécificité réunionnaise dans le monde carcéral ?

Ici, il n’y a pas de problème de surencombrement. Par contre, on sait qu’à la Réunion, il y a beaucoup de chômage à l’extérieur mais à l’intérieur des prisons également. Ce n’est pas évident ici pour offrir une activité rémunérée hormis le service général. Il n’y a aucun atelier de confection de divers objets et c’est difficile de permettre aux détenus de gagner un peu d’argent. À Saint-Denis, par exemple, il y a un immense atelier prévu pour accueillir un concessionnaire. Cet espace est laissé vide.

Comment se porte le moral du personnel pénitencier dans ces deux DOM ?

À Majicavo, vous avez des tensions entre le personnel car il y a d’un côté les surveillants venus de la métropole et ceux originaires de Mayotte qui ont un statut transitoire jusqu’en 2017. Ils n’ont pas été intégrés directement dans le statut des surveillants. Résultat : on a deux agents d’un même corps, d’un même grade, avec les mêmes missions mais payés avec des salaires totalement différents. C’est inégalitaire et discriminatoire. Cela crée des tensions, on ne peut pas tolérer qu’il y ait des sous-fonctionnaires à Majicavo. À la Réunion, il faut savoir que les surveillants locaux ont dû passer une dizaine d’années en région parisienne avant de pouvoir revenir travailler dans leur île. C’est un concours national. Après concernant Saint-Denis, ça reste le fleuron, il y fait bon travailler. Au Port aussi, les gens sont contents d’y travailler. Reste la maison d’arrêt de Saint-Pierre. Il faut arrêter ces dortoirs et passer à un établissement neuf pour avoir une prison digne de la République”

Entretien : Laurène Mazier

Source: http://www.clicanoo.re/11-actualites/16-faits-divers/296823-le-chomage-jusque-dans-les-prisons.html