Comores

Mercredi au comité du tourisme a eu lieu l'inauguration de l'exposition pédagogique "Le maki de Mayotte : témoin et victime de la destruction de la forêt mahoraise", qui sera visible jusqu'à la fin du mois de février. Ces 8 panneaux édités en deux exemplaires et destinés à être utilisés par les enseignants dans les classes de 6ème et de 2nde, ont été commandés par l'association des Naturalistes et financés par le service environnement et forêt de la Daf à hauteur de 3.000 €.

e projet, initié il y a un an, a été piloté par Sylvie Jourdan, conseillère pédagogique dans le secondaire, qui s'est appuyée sur les travaux de Laurent Tarnaud, chercheur associé au laboratoire d'éco-anthropologie et d'ethnobiologie du Museum national d'histoire naturelle et auteur d'une thèse en 2002 sur Eulemur fulvus sp., l'espèce présente à Mayotte, ainsi que sur ceux de sa stagiaire Jeanne Tonnabel. La maquette, très lisible et avec plusieurs entrées de lecture en fonction du niveau des élèves, a été créée par Cyrille Le Corre, enseignant et infographiste.

Selon les dernières estimations de l'année dernière, il y aurait 20.000 makis sur l'île, mais "leur population est en déclin à cause de la destruction de leur habitat forestier", déplore Michel Charpentier, le président des Naturalistes. Le maki est pourtant d'une "grande richesse patrimoniale", car en dehors de Madagascar, sa terre-mère d'où il a probablement débarqué entre les IXème et XIIIème siècles avec l'arrivée des premiers Malgaches sur notre île, il n'y a qu'à Mayotte, Anjouan et Mohéli qu'on peut en trouver dans le monde.

"Ils sont pourtant mal connus et insuffisamment étudiés, contrairement aux dauphins ou aux tortues marines", constate M. Charpentier. En effet, mis à part ceux du Dr Tarnaud, les travaux sur les lémuriens concernent uniquement Madagascar. C'est pourquoi les Naturalistes ont voulu "rendre cette connaissance accessible au plus grand nombre, et surtout aux scolaires".

Dans l'exposition, on apprend que les makis vivent en groupe d'environ 9 individus, sous la direction d'une femelle dominante. En se nourrissant de fruits, ils participent à la dissémination des graines. Avant que ces animaux sauvages ne soient protégés par la loi en 1975, il était de tradition, dans les villages de Mayotte, d'aller capturer un bébé maki dans la forêt et de l'élever comme un petit compagnon. On vendait également de jeunes makis aux Métropolitains comme animaux de compagnie…

"Cette exposition n'est pas une monographie, mais une étude des éco-systèmes", explique Sylvie Jourdan. "Normalement, les makis vivent dans la forêt primaire ou dans l'agro-forêt. Mais quand la forêt est détruite, ils vont dans les jardins, d'où les conflits avec les agriculteurs. Aujourd'hui, il n'y a plus que 8% du territoire constitué de forêt, et elle n'est pas en continu, ce qui empêche les makis de migrer vers de nouvelles zones de nourriture".

Dans l'exposition, on apprend également qu'à Anjouan, l'espèce Eulemur mongoz a une population aujourd'hui très faible à cause d'une très grande déforestation. "Le maki de Mayotte aura-t-il la même destinée que le maki mongoz d'Anjouan ?", s'interroge le dernier panneau. "Une réflexion vient d'être initiée avec le conseil général pour valoriser les espaces forestiers et redonner vie à la forêt", affirme, optimiste, Patrick Poyet, le directeur de la Daaf.

JP

Source: http://www.mayottehebdo.com/content/view/3345/1/