Sortie de Cinema

LYON — Plus d'un demi-siècle après la sortie de "Chantons sous la pluie", son réalisateur Stanley Donen, 86 ans, se souvient d'avoir énormément travaillé sur le tournage: "Mais ce fut un festin à chaque minute".

Le réalisateur Stanley Donen (d) aux côtés de Bertrand Tavernier lors de la cérémonie d'ouverture du Festival Lumière de Lyon, le 4 octobre 2010

A quelques heures lundi de présenter son film en ouverture du Festival Lumière de Lyon, à un public qui pour les plus jeunes le découvrira sans doute, le complice de Gene Kelly aurait pu ressortir le ciré jaune de l'affiche tant la ville était noyée sous une averse hollywoodienne. Nulle trace de lance à incendie pourtant...

Stanley Donen avait 27 ans à la sortie de "Singing in the rain" - 25 quand il s'est lancé dans l'aventure, précise-t-il à l'AFP - et parvenait ainsi à mêler deux passions, la danse et le cinéma.

"J'apprenais la danse, ce qui n'était pas évident pour un garçon à Columbus (Caroline du Sud), et j'adorais les images animées: et ces deux centres d'intérêt se sont rencontrés" s'émerveille-t-il encore.

Tourné en 1952 alors que le genre comédie musicale triomphe, le film raconte en musique ce moment où le cinéma bascule du muet vers le parlant, abandonnant en chemin des stars de la première heure incapables de relever ce nouveau défi: "Certains acteurs avaient des voix horribles! et tout à coup, ils devenaient ridicules", sourit-il. Comme le personnage de Lina Lamont, la partenaire de Don Lockwood (Gene Kelly).

"C'était une transition à la fois difficile et drôle, que j'ai bien connue: j'avais à peine sept ans quand les premiers films parlants ont fait leur apparition, c'était énorme."

Sur le tournage, poursuit-il d'une voix douce, "on n'arrêtait jamais, on répétait jour et nuit: moi c'était mon premier boulot dans le show business, Gene, lui, était déjà une star. Je restais jusqu'à trois, quatre heures du matin et le lendemain j'étais de retour à 9 heures. Mais je n'avais pas l'impression de me gaver, c'était plutôt comme un festin à chaque minute".

"Ce qui est tellement intéressant avec +Chantons sous la pluie+, c'est la combinaison des gens qui travaillaient dessus: on était tous des bébés, Debbie Reynolds avait à peine 16 ans. Il y a une part de hasard... On ne reproduira jamais ça".

En tout cas, lui-même ne s'y collera pas et le déconseille franchement aux autres: il a détesté l'adaptation qui en a été faite à Broadway, en 2003. "Ils ont voulu reproduire le film, ce n'était pas très malin: il aurait mieux valu inventer quelque chose de complètement différent".

D'une manière générale, Stanley Donen n'aime pas les remakes, ni les suites en série "1, 2, 3, 4...: comme disait mon copain Billy Wilder: +ils refont le même film encore et encore... et ils vont continuer jusqu'à ce qu'ils arrivent à le faire bien!". Ce bon mot le fait éclater de rire.

Pour lui, "un film est bon quand il est frais. Pas nouveau, mais quand il offre une autre approche", insiste-t-il.

A ce titre, Woody Allen l'impressionne toujours: "l'un des plus grands", estime-t-il. Mais il est aussi "curieux de ce film sur Facebook", dit-il à propos de "Social Network", de David Fincher, qui cartonne depuis sa sortie ce week-end aux Etats-Unis.

"Chantons sous la pluie" n'avait pas décroché d'Oscar l'année de sa sortie, en dépit de son succès considérable. Mais lundi soir, Lyon, la ville des frères Lumière qui inventèrent le cinéma, a pris prétexte de sa projection pour fêter son créateur et rendre hommage à l'ensemble de sa carrière.

Source: http://www.google.com/hostednews/afp/article/ALeqM5gQPPiIfnhLwNzQdlce0qc8c2DZag?docId=CNG.f65f4c796f2c0c2580a4ecb450a771dd.301